Ce texte est une réponse au défi d’écriture de ce mois, Fais parler la vie !
Les saisons se suivent, s’oublient. Tantôt le soleil brille ; tantôt les nuages déversent leur cargaison au gré des vents.
Dans ce monde, je fais de mon mieux. En équilibre sur ma branche, je me sens tout petit. Seul mon regard peut atteindre le sommet de mon arbre.
Né d’une jolie fleur, je ne suis pourtant ni beau à regarder, ni bon à croquer. Sans saveur particulière, je ressemble à ceux que Prudence et Sagesse évitent d’inviter chez elles.
Pourquoi ne suis-je pas de ceux que l’on dévore à pleines dents ?
– Ce n’est pas de ma faute. J’ai poussé comme j’ai pu. C’est la faute du soleil. C’est la faute de la pluie, du vent…
Dans le verger, tout me reproche d’exister. Si seulement j’avais été autre.
Je lutte, taclant, me rebellant même contre mon arbre. Je veux être celui qu’on admire, qui rend le monde meilleur. Mais les chimères éclatent comme des bulles de savon.
Puis un jour, il fait nuit noire. Mon âme blafarde, stérile et sans chaleur, dédaigne la lumière.
Au prix d’efforts surfruitiers, j’étouffe en moi une drôle de petite voix. Alors les bourrasques se déchaînent ; la neige glace ma chair, la grêle me déchire. Je suis trempé jusqu’au noyau…
Perdu dans mon brouillard, j’erre de pâles espoirs en tristesse infinie.
Qui suis-je : pêche ou abricot ? Pomme ou poire ?
Crac, boum !
Me voilà au pied de mon arbre. Ma vie s’étale comme de la confiture. Avant même d’avoir été, il ne subsiste rien de moi ; pas une épluchure. Mon passé transpire, ballon de baudruche crevé. Quel gâchis !
Dans un tourbillon de dégoût, je vomis ce que je suis.
Quelqu’un s’approche. Il me raconte cette fleur si fragile, si délicatement parfumée, si pleine de promesses, qui renonça à sa vie afin de me la donner.
J’apprends à le connaître. J’apprends sa patience, son amour, sa souffrance… à cause de moi…
Ce que mes yeux n’avaient pas vu, ce que mes oreilles n’avaient pas entendu, mon cœur le savait depuis toujours !
Le maître du verger prend soin de mon noyau. Il le recouvre d’un peu de terre, et d’une parole de vie.
Ici pourrait s’écrire le mot fin. Mais la fin n’est-elle pas un nouveau commencement ?
– Bonjour ! C’est moi. C’est moi, mais différent. Mes branches et mon feuillage se développent. Les oiseaux me visitent. Regardez, respirez mes belles fleurs !
En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruits.
Jean 12-24
Chtaloun
Waou !!! Magnifique !!! Tres inspiré !!
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Merci Seigneur !
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J’ai pris beaucoup de plaisir à lire cet article ! Bravo !
Envoyé de mon iPhone
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Merci ! C’est gentil à vous !
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Shalom, j’aimerai bien savoir comment être une auteure invitée ? Merci 🙂
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Bonjour, vous pouvez nous contacter (rubrique contact du site), cordialement
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Très frais, très rafraichissant !
Ce texte m’a également touché par la pensée qui est en second plan : en tant qu’individu, en tant que croyant, en tant que fruit, nous oublions souvent que nous sommes au bénéfice des générations précédentes, des fleurs d’avant.
J’ai pensé à Paul qui dit à Timothée :
(…) gardant le souvenir de la foi sincère qui est en toi, qui habita d’abord dans ton aïeule Loïs et dans ta mère Eunice, et qui, j’en suis persuadé, habite aussi en toi.
Chacune de ces femmes a été fleur, puis fruit, jusqu’au fruit qu’est Timothée, qui lui-même est finalement une fleur lointaine de ce que nous sommes aujourd’hui…
Ensuite, je me suis souvenu que le calendrier du Seigneur, celui donné à Moïse avec la loi, commence avec la Pâques qui est la fête de la moisson du blé. L’année, au lieu de commencer par une semence, commence par une récolte, tout comme votre histoire aurait pu commencer avec une fleur, mais commence plutôt par le fruit…
Jésus dira à ses disciples : Jean 4.38
« Je vous ai envoyés moissonner ce que vous n’avez pas travaillé ; d’autres ont travaillé, et vous êtes entrés dans leur travail. »
Combien c’est facile d’oublier que nous avons tous commencé par entrer dans une moisson pour laquelle nous n’avions pas travaillé.
Réalisant toutes ces choses, j’ai pris le temps de remercier Dieu pour toutes ces générations passées qui ont tout donné pour former ce que je suis aujourd’hui…
Alors merci à vous Chtaloun ! Soyez béni(e) !
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Un grand merci à vous, Jake, pour votre analyse enrichissante !
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