Oh! ne rougissons pas, laissons couler nos pleurs!
Celui qui sait pleurer n’est pas encore infâme.
Les pleurs viennent du ciel, les pleurs sont pour notre âme
Ce que la rosée est chaque soir pour les fleurs.
Un jour, la Madeleine entra, dans Béthanie,
Chez Simon où le Christ soupait. Elle ne sut
Que pleurer, mais le Christ cependant la reçut :
Elle s’en retourna pardonnée et bénie.
Les larmes sont pour l’homme un suprême trésor,
Sachons l’apprécier au lieu d’en avoir honte;
Le Dieu qui connaît tout les recueille et les compte,
Elles sont devant lui comme autant de grains d’or.
Lorsqu’il veut, dans l’azur toujours plein de désastres,
Remplacer les soleils dont l’éclat s’est terni,
Ouvrant sa grande main sur l’obscur infini,
Il jette ces grains d’or qui deviennent des astres.
Adolphe Ribaux
Adolphe Ribaux (1864-1915) était un écrivain de la Suisse française. Il a publié son premier recueil de poèmes Feuilles de Lierre en 1882, bientôt suivi de Vers l’Idéal (1884) et de nombreux autres.
Il a écrit également plusieurs textes en prose (contes, nouvelles et même romans) : Contes de Printemps et d’Automne, Le Noël du vieux Wolf, L’Amour et la Mort (roman)... Nous aurons d’ailleurs l’occasion de publier un de ses contes par ici…
