Bien alignés au fond d’une boite, flambant neufs, nous sommes impatients de nous rendre utiles. Plusieurs coups commencent alors à pleuvoir sur chacune de nos têtes, habituées à les encaisser. L’habile charpentier nous manie avec dextérité. Un jeune garçon observe son père qui lui enseigne le métier. Nous sommes étonnés de sa rapidité à apprendre et de sa docilité. Très vite, le voilà en train de travailler aux côté de son père.
L’un après l’autre, il nous attrape et nous plante dans le bois. Quand viendra notre tour ? Les coups de marteau s’entendent de loin dans le village et attirent les enfants.
Bientôt une belle porte prend forme sous leurs regards ébahis. Qui en sera l’heureux propriétaire ?
Nous ne sommes plus que quatre au fond de la boite, un peu déçus de ne pas avoir pu participer à la construction de cette porte.
Les années passent et nous rouillons sous l’effet des intempéries.
« Où est passé notre Maitre ? »
« On ne le voit plus guère ! »
« Un jour, il est parti… »
« Son père nous a quittés… On ne voit plus que sa mère et ses frères… »
Un romain passe et nous saisit.
« Ça fera l’affaire ! » dit-il en ricanant.
Nous commençons à nous inquiéter.
« Que veut-il dire par là ? »
« On ne sert plus à rien, nous sommes complètement rouillés ! »
« Oui, l’autre jour une mère a grondé son garçon, car il voulait jouer avec nous. »
« Où nous emmène-t-il ? »
En chemin, nous croisons notre Maitre !
« Le revoilà ! Il est gravement blessé ! »
« Pourquoi porte-il cette poutre ? »
Nous arrivons au sommet d’une colline, notre Maitre est épuisé, semblant presque mort.
Puis, quelque chose d’horrible se déroule sous nos yeux.
« Nooooon ! pas ça ! pardon Maître. »
« Nooon…pardon Maître. »
« Non…non… pardon Maître ! »
« Pardon Maître, pardon Maître. »
Nous assistons à la lente agonie de notre Maître, coupables de ses meurtrissures, nous entendons parmi ses dernières paroles :
« Père pardonne leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. » Luc 23 : 34
Ce texte est une réponse au défi d’écriture #10 : Fais parler un objet
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